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 Lady Oscar : Alyssandre

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Elo
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MessageSujet: Lady Oscar : Alyssandre   Lady Oscar : Alyssandre Icon_minitimeJeu 10 Nov - 17:14

Oscar et André étaient, comme à leur habitude, sortis de bonne heure pour monter à cheval. Lorsqu'ils revinrent deux heures plus tard pour s'entraîner à l'épée, ils furent accueillis par Madame de Jarjaye, la mère d'Oscar, qui tenait une lettre et paraissait catastrophée.
- Qu'y a-t-il, mère ? demanda la jeune femme en descendant de sa monture avant d'en tendre les rênes à son ami.
- Ma chère enfant, c'est ta cousine.
- Alyssandre ?
- Ses parents viennent de mourir.
- Oh non ! s'exclama Oscar, sincèrement navrée car elle aimait beaucoup son oncle et sa tante, et plus encore sa cousine. La lettre est d'elle ?
- Oui. Elle m'a écrit pour me l'apprendre. Tu te rends compte que cette pauvre petite n'a désormai plus que nous comme famille ?
A ces mots, Oscar sourit.
- Mère, vous savez que cette "pauvre petite" est tout de même mon aînée de deux ans ? Mais laissons cela. Quand pouvez-vous la faire venir ?
- Le plus tôt sera le mieux, je pense. Je vais lui écrire de venir dès qu'elle le peut.
- Faites, mère. dit la jeune femme en se dirigeant vers le manoir pour aller chercher son épée.
Quelques jours plus tard, une missive arrivait. Ce fut André qui l'amena à Oscar tandis qu'elle s'habillait.
Il frappa à la porte de ses appartements.
- Entrez. entendit-il.
Il ouvrit la porte et pénétra dans la pièce pour trouver la jeune femme revêtue de son uniforme rouge de colonel de la garde royale.
- C'est toi André. J'allais partir. Que veux-tu ?
- J'apporte une lettre de ta cousine. C'est sans doute une réponse à celle de ta mère.
- Que dit-elle ?
- Je ne l'ai pas ouverte. Je ne me serai pas permis.
- Portes-là à ma mère. Moi, je dois partir avant d'être en retard.
Cela dit, elle se dirigea vers la porte, l'ouvrit, et descendit les escaliers, puis, se retrouvant dans le hall, ouvrit la grande porte et sortit préparer son cheval qu'elle sortit ensuite. Elle l'enfourcha et partit au triple galop, comme si elle avait le diable à ses trousses.
Pendant ce temps, André, suivant les consignes de son amie, avait porté la missive à Madame de Jarjaye, qui l'avait ouverte, lue... et avait aussitôt commencé des préparatifs. Le jeune homme en avait donc déduit qu'Alyssandre, la cousine d'Oscar, n'allait pas tarder à venir habiter au manoir.
Depuis qu'il connaissait Oscar, il avait souvent entendu parler de la jeune femme sans jamais l'avoir rencontrée, mais connaissait cependant l'origine de son étrange prénom : lorsqu'elle était née, sa mère voulait la nommer Alissa, mais son père, qui plus que tout aurait voulu un garçon qu'il aurait appelé Alexandre, s'y était opposé. C'est pourquoi ils avaient trouvé comme compromis ce curieux mélange des deux prénoms. Compromis qu'ils avaient d'ailleurs renouvelé pour son éducation, puisque la jeune femme connaissait tout ce que doit savoir une dame de qualité pour évoluer dans le monde, mais elle savait également la lecture, l'écriture, les mathématiques, l'astronomie, l'anglais et l'espagnol (que son père, diplomate, lui avait enseignées car il estimait indispensable de parler plusieurs langues), elle avait pris des leçons avec les meilleurs professeurs afin de savoir tirer au pistolet, se battre à l'épée et monter à cheval à califourchon aussi bien qu'en amazone. Elle connaissait aussi les règles des duels, et, à en croire son père, était une bonne tacticienne. Tout cela allié à une grande beauté, une gentillesse et une bonté infinies. C'était presque trop de qualités pour une seule personne, mais telle était la cousine décrite par Oscar, qui l'adorait (à cause de son caractère aimable, gai et enjoué, mais aussi à cause des similitudes de leur éducation). Elle lui avait si souvent répété cette description ces dernières années, qu'il avait l'impression de la connaître depuis aussi longtemps qu'Oscar elle-même.
Lorsque cette dernière revint, fourbue mais comme d'ordinaire heureuse de sa journée, elle alla directement trouver sa mère, car elle n'avait pas oublié la lettre arrivée le matin même.
Elle frappa à la porte et pénétra dans la vaste pièce sans attendre de réponse.
- Mère ! appela-t-elle.
- Ah Oscar, tu es rentrée. fit Madame de Jarjaye qui était occupée à arranger un bouquet de lys dans un délicat vase de porcelaine.
- Quelles sont les nouvelles d'Alyssandre ? demanda la jeune femme sans perdre une seconde.
- Elle nous annonce son arrivée pour dans deux jours, mon enfant. répondit sa mère.
- Seule ? s'étonna Oscar.
- Non bien sûr. Avec sa camériste et le secrétaire de son père. Ils auront plusieurs malles.
- Et en ce qui concerne le manoir et la fortune de mon oncle ?
- A ce sujet elle ne dit rien. C'est la lettre du secrétaire de feu ton oncle, qu'elle a joint à la sienne, qui nous l'explique : son père avait depuis longtemps pris toutes ses dispositions pour en faire son unique héritière. Et sur son testament, il demande à sa famille –c'est à dire nous- de s'occuper, au cas où il leur arriverait quelque chose, de présenter Alyssandre à la reine pour qu'elle fasse enfin son entrée dans le monde –ce qu'elle n'a pu encore faire suite à des deuils successifs- et de lui trouver un bon époux.
- Jouer les marieurs pour Alyssandre ? Quelle idée ! fit Oscar en riant.
- Ne rie pas Oscar, je t'en prie. Les dernières volontés d'un hommes sont sacrées. D'ailleurs, c'est toi qui te chargera de la présenter à Sa Majesté la reine.
- Inutile de le préciser, mère. Je l'avais bien compris. Où avez-vous prévu de la loger ?
- Mais, dans les appartements qui jouxtent les tiens, ma chérie.
- Sait-elle que je suis... commença la jeune femme.
- Colonel de la garde royale ? Bien sûr ! Veux-tu savoir ce qu'elle écrit à ce sujet ? "Dites bien à Oscar, ma tante, que je suis extrêmement fière d'elle, et que je suis également très impatiente de la revoir. Sa présence m'empêchera peut-être de sombrer dans le désespoir qui menace de m'engloutir chaque fois que je n'y prend garde".
- Pauvre Alyssandre ! Perdre ses parents de cette façon, ce doit être terrible. Enfin, le prochain bal aura lieu dans une semaine. Je l'y présenterai.
- Ma chère enfant, tu n'y songe pas sérieusement ?! fit Madame de Jarjaye. Elle est en grand deuil !
- Mais je connais la reine. Et j'ai assez d'orgueil pour penser que Sa Majesté a de l'amitié pour moi. Peut-être sera-t-elle d'accord pour m'accorder la faveur de raccourcir la période de deuil d'Alyssandre... afin de lui trouver un époux.
- Mais ta cousine elle-même sera-t-elle d'accord ?
- Bah, nous verrons. Si la reine le veut, elle devra bien s'incliner.
Et effectivement, le lendemain, Oscar demandait une audience à Marie-Antoinette, qui la lui accorda immédiatement.
Elle pénétra dans le boudoir de la souveraine et posa un genou en terre devant elle, avant de remarquer que la reine n'était pas seule.
- Fersen ?! s'exclama Oscar, surprise. Vous êtes de retour à Versailles ?
- Oui. répondit la reine à la place du suédois tout en le regardant. Et monsieur de Fersen est tout de suite venu me présenter ses hommages. N'est-ce pas gentil ? ajouta-t-elle, les yeux brillants de bonheur comme à chaque fois que le gentilhomme se trouvait à ses côtés.
Il y eût un court silence, car Oscar jugeait préférable de s'abstenir de répondre, puis la reine lui demanda :
- Que puis-je pour vous mon cher Oscar ?
- J'ai une faveur à demander à Votre Majesté.
- Je vous écoute. Vous savez bien que si c'est en mon pouvoir, je tenterai d'accéder à votre requête.
- Voilà, Majesté : ma cousine, qui a 24 ans, vient de perdre ses parents, et à cause de plusieurs deuils successifs, elle n'a jamais pu être présentée à Vos Majestés.
- Laissez-moi deviner la suite mon cher ami : vous souhaitez que je raccourcisse ou fasse supprimer sa période de deuil afin qu'elle puisse l'être. Me trompé-je ?
- Non Majesté. D'autant que l'une des dernières volontés de mon oncle est que nous lui trouvions un époux.
- Je pense, mon cher Oscar, que cela devrait pouvoir s'arranger. dit la souveraine dans un sourire. J'en parlerai au roi.


Dernière édition par le Mer 25 Avr - 2:14, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Lady Oscar : Alyssandre   Lady Oscar : Alyssandre Icon_minitimeJeu 10 Nov - 17:14

- Merci, Majesté. fit la jeune femme en se relevant.
- Où se trouve votre cousine en ce moment ?
- Elle est encore dans ses terres, Majesté, mais elle arrive dans deux jours.
- Bien. Lorsqu'elle sera arrivée, amenez-la moi.
- Elle sera en grand deuil, Majesté. Et j'ai peur qu'elle ne refuse de l'abandonner si tôt.
- C'est sans importance. Si je le lui ordonne, elle le fera. Elle ne peut se soustraire à un ordre royal.
- Merci Majesté.
- Je vous en prie, mon cher Oscar. Je suis toujours contente de vous faire plaisir et ceci n'est vraiment rien.
La jeune femme s'inclina devant sa souveraine, et sortit du boudoir, non sans avoir jeté un coup d'œil à Ferser qui n'avait pas quitté Marie-Antoinette des yeux et n'attendait sans doute, malgré la sincère amitié qui les liait, que son départ pour continuer à entretenir sa reine adorée.
Deux jours plus tard, Alyssandre arrivait au manoir des Jarjaye dans une voiture à leurs armes tirée par quatre chevaux bai.
André ouvrit la portière, et la jeune femme en descendit. Elle était vêtue d'une robe de soie noire sans broderies ni dentelles, et ses magnifiques cheveux bruns étaient rassemblés en un sévère chignon. Mais ces tristes atours ne diminuaient en rien son éclatante beauté, bien au contraire : l'absence de bijoux et d'ornements l'avantageaient, car son visage seul était déjà le plus beau des joyaux. Surtout ses yeux car, d'un bleu profond, ils brillaient comme des saphirs et rayonnaient d'innocence. Elle était si belle qu'en la voyant (et malgré l'adoration qu'il avait pour Oscar), André eût le souffle coupé et eût du mal à croire que tout ce que lui avait été raconté sur son éducation concernait la même Alyssandre que celle qui se tenait devant lui.
Les yeux saphir de la jeune femme se posèrent sur lui.
- Bonjour André. lui dit-elle d'une voix douce et mélodieuse.
Le jeune homme dût paraître surpris qu'elle connaisse son nom sans jamais l'avoir rencontrée, car elleposa une main légère sur son bras et lui dit :
- Ne soyez pas surpris. Oscar m'a beaucoup parlé de vous dans ses lettres.
Il jeta un regard étonné à son amie, mais celle-ci ne le vit pas car elle s'approchait déjà de sa cousine.
- Oscar !
- Alyssandre !
Les deux jeunes femmes tombèrent dans les bras l'une de l'autre.
- Je suis si contente de te voir ! fit Alyssandre.
- Moi aussi, je suis très heureuse. dit Oscar en s'écartant. Cela faisait longtemps.
- Oh Oscar, mes pauvres parents ! s'exclama la cousine de cette dernière avant de fondre en larmes, les mains sur le visage.
- Mais qu'est-il arrivé à mon frère et à sa femme exactement ? demanda le général qui avait accouru en entendant la voix de sa nièce.
- Ils revenaient d'une réception, et les chevaux se sont emballés. La voiture a versé dans un fossé et ils ont été tués sur le coup. Raconta la jeune femme en sanglotant.
- Son explication terminée, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas salué son oncle et sa tante comme il convenait, et, essuyant ses larmes, leur fit une gracieuse révérence.
- Avez-vous fait un bon voyage, mon enfant ? s'informa Madame de Jarjaye un instant plus tard.
- Très bon, ma tante, je vous remercie. La voiture que vous m'avez envoyée était vraiment confortable. Je n'ai pas vu le temps passer.
- Tant mieux. J'en suis contente.
- J'espère que ma lettre ne vous a pas donné l'impression que vous étiez obligés de me recueillir. Je sais bien qu'à mon âge je devrais être mariée depuis longtemps et ne plus être un poids pour personne, mais je n'ai pas pu faire mon entrée dans le monde et... commença à s'excuser la jeune femme.
- Ne dites pas de sottises ! l'interrompit le général. Vous n'êtes un poids pour personne, et nous savons les circonstances qui ont fait que vous n'avez pas encore d'époux. Nous sommes heureux de vous accueillir parmi nous. Soyez la bienvenue et n'hésitez pas à agir comme chez vous.
Émue par ce discours, les larmes aux yeux, Alyssandre ne put que balbutier :
- Merci mon oncle.
- André ! appela ce dernier.
- Général ? fit le jeune homme.
- Faites-vous aider par un domestique et portez les malles de ma nièce dans sa chambre je vous prie.
- Bien général. dit le jeune homme avant de s'exécuter;
Tandis qu'il s'éloignait, il ne vit pas Oscar prendre sa cousine par les épaules (un témoignage public de tendresse qu'elle ne s'autorisait que très rarement) pour la conduire au manoir, pendant que sa camériste, Annie, et le secrétaire de feu son père (qui était le sien à présent), François Darjan, descendus de voiture à sa suite, suivaient discrètement.
Arrivée dans le hall, Alyssandre s'arrêta et demanda :
- Où vont loger Annie et M. Darjan ?
- Qui cela ? demanda le général.
- Ma camériste. Je suis désolée si je vous paraît exigeante, mais j'ai besoin qu'elle soit près de moi. et mon secrétaire également.
- Cela peut s'arranger aisément, mon enfant. Ne vous inquiétez pas.
- Merci ma tante.
- Venez à présent. Nous allons vous conduire à vos appartements.
Ils montèrent au première étage, et pénétrèrent dans la chambre en question. C'était une vaste pièce meublée d'un grand lit à baldaquin garni d'une courtepointe mauve pâle, d'un secrétaire en bois de rose, d'une coiffeuse surmontée d'une psyché, et d'une bibliothèque abondamment garnie de volumes reliés de cuir. Une méridienne de velours mauve pâle garnie de coussins moelleux placée près d'une fenêtre (donnant sur le parc), elle-même ornée de tentures ivoire, en complétaient l'ameublement. La harpe de la jeune femme trônait au centre de la pièce sur un épais tapis de laine, et ses malles encore fermées avaient été placées dans la petite pièce attenante, remplie, elle, d'armoires où ranger ses toilettes et effets personnels.
- C'est merveilleux ! s'exclama Alyssandre en embrassant la pièce du regard.
- La porte sur la gauche donne sur mes appartements. Précisa Oscar. Si tu as besoin de quoi que ce soit, même de discuter, n'hésite pas... du moins lorsque je suis là.
Sa cousine courut à elle, et, dans un élan de tendresse, lui prit les mains.
- Je sais que tu es très occupée, ma chère Oscar. Être colonel de la garde royale, c'est un honneur auquel tu te dois en priorité. Je comprendrais parfaitement si tu n'avais pas de temps à me consacrer.
- J'aurais toujours du temps pour toi, Alyssandre. Toujours. Tu le sais bien.
- Mes chères enfants, nous allons vous laisser. Vous devez avoir quantité de choses à vous dire. dit alors Madame de Jarjaye.
Cela dit, le général et elle se retirèrent, laissant entrer Annie.
- Dois-je défaire vos malles, mademoiselle Alyssandre ? s'enquit cette dernière.
- S'il vous plaît oui.
- Bien mademoiselle. dit la camériste en entrant dans le "dressing".
Lorsque la domestique se fut éloignée, Oscar, prenant une inspiration, dit :
- Alyssandre, il faut que je te parle.
- Je t'écoute Oscar.
- J'ai reçu de Sa Majesté la reine un ordre qui ne va probablement pas te plaire
- Quel est-il ?
- Demain, je dois te conduire à Versailles. Tu vas lui être présentée.
- A ces mots, Alyssandre parut horrifiée.
- Mais Oscar, c'est impossible ! Je suis en grand deuil ! Je ne peux pas aller au château ! Ni nulle part d'ailleurs.
- Je le lui ai dit. Mais elle a insisté. Tu comprend que ni toi ni moi ne pouvons nous y soustraire.
- Mais Oscar... tenta de protester la jeune femme.
- Je suis désolée Alyssandre.
Cette dernière soupira et dit :
- Bon, puisque apparemment je n'ai pas le choix...
- Effectivement. Tu ne l'as pas.
- A quelle heure ?
- Je viendrai te chercher.
- Très bien. soupira-t-elle encore.
- Habilles-toi avec beaucoup de soin et d'élégance.
Le lendemain, Alyssandre descendit dans le hall, vêtue splendide robe de velours noir.
En la voyant descendre ainsi habillée, Oscar eût un regard désaprobateur.
Voyant cela, Alyssandre demanda :
- Qu'y a-t-il ?
- Ta robe.
- Et bien ? Elle n'est pas assez élégante ? J'ai choisi celle qui l'était le plus pourtant.
- Ce n'est pas cela. Elle est... noire.
- Je suis en grand deuil. lui rappela-t-elle. Je suis déjà sensée ne même pas sortir.
- Je sais. Mais Sa Majesté n'aime pas le noir. Enfin, je suppose que cela ira tout de même. Dépêchons-nous à présent.
Elles sortirent du manoir et montèrent dans la voiture des Jarjaye, et ne tardèrent pas à arriver sur la colline qui surplombait le château. Là, Alyssandre, émerveillée, fit arrêter le carrosse.
Il faut dire que ce château, qui servit de modèles à plusieurs constructions dans différents pays européens, était (et est encore) l'un des plus beaux du monde. Il possède en outre de fabuleux jardins faits par Le Nôtre, qui sont de nature à impressionner n'importe qui.
- C'est magnifique. murmura la cousine d'Oscar.
La remarque fit sourire cette dernière.
- Allons-y. Sa Majesté nous attend.
La voiture s'ébranla à nouveau, et atteignit bientôt la grille de la cour d'honneur, qui s'ouvrit. Elles en descendirent et Oscar se tourna vers sa cousine.
- Alyssandre, murmura-t-elle, je dois te dire quelque chose avant que nous n'entrions : tout le monde à la cour –y compris Leurs Majestés- pense que je suis un homme.
- Vraiment ? ne put s'empêcher de s'exclamer la jeune femme. (puis chuchotant à son tour) Mais comment peuvent-ils croire cela ? Sont-ils donc tous aveugles ? Il est pourtant visible, malgré ton uniforme, que tu es une femme.
- Pas pour tout le monde apparemment. Si je te dis cela, c'est pour que tu ne sois pas surprise si tu entend la reine m'appeler "mon cher Oscar" ou les gens parler de moi en disant "il" ou "lui", et que tu ne fasse pas d'impair. Les seuls à connaître ce secret , en dehors de ma famille, sont André, le comte de Girodelle qui me connaît bien, et le comte Axel de Fersen, un gentilhomme suédois qui est mon ami. Tu vas d'ailleurs très certainement le rencontrer car, comme tu vas vite t'en rendre compte, la reine et lui sont... très proches. Vraiment... très proches... si tu vois ce que je veux dire.
- Oh je vois parfaitement oui. fit Alyssandre avec un sourire malicieux (son premier depuis deux jours). Et ne t'en fais pas, je ne te trahirai pas... cousin Oscar.
Cette dernière sourit, puis dit :
- Bien. Entrons maintenant.
Elles pénétrèrent dans le château, et tandis qu'elle marchaient jusqu'aux appartements de la reine, Alyssandre observait tout avec curiosité et émerveillement. Arrivées devant les splendides portes aux moulures de bois dorées, Oscar frappa deux coups brefs.
- Entrez. dit une douce voix féminine.
Avant de pousser la porte, Oscar se retourna pour faire une dernière recommandation à sa cousine :
- Surtout, n'oublie pas de faire une révérence.
- Ne t'inquiètes pas.
Elles entrèrent.
- Mon cher Oscar, c'est vous. dit la reine.
La jeune femme blonde s'inclina.
- Oui, Majesté.
- C'est là votre cousine ? interrogea la souveraine.
- Oui, Majesté. Alyssandre de Vuilmeau.
A la mention de son nom, la jeune femme plongea dans une profonde révérence.
- Ainsi donc, c'est vous. Approchez, mademoiselle de Vuilmeau. demanda la reine.
Cette dernière s'exécuta, tout en pensant que la reine Marie-Antoinette était la plus belle femme qu'elle ait jamais vu.
En arrivant devant elle, elle fit une nouvelle révérence.
- Mademoiselle, lui dit la reine, comme vous habitez à présent chez votre cousin, je souhaiterai vivement vous avoir dans mon entourage. Comme vous n'êtes arrivée que très récemment, vous serez présentée à la cour à l'occasion du grand bal qui aura lieu la semaine prochaine, afin que tous sachent qui vous êtes. Ensuite, vous prendrez votre service auprès de moi.
Comme elle voyait que son interlocutrice (muette pour le moment) s'apprêtait à protester, Marie-Antoinette prit les devants :
- Je sais que vous venez de perdre vos parents et que vous êtes en grand deuil, mais je tiens vraiment à vous avoir à mes côtés. Je voudrais que, comme votre cousin, vous soyez mon amie.
Conquise par sa souveraine, Alyssandre ne put que murmurer en faisant une brève révérence :
- Votre Majesté est trop bonne. Je suis très flattée de l'intérêt qu'Elle me porte. J'accepte avec plaisir l'amitié que m'offre Votre Majesté.
En entendant cette conversation, Oscar pensa :
Au moins, Alyssandre sera pour la reine une amie d'un autre type que Julie de Polignac. Elle, au moins, je suis sûre qu'elle n'a pas dans la tête des idées diaboliques pour manipuler la reine. Elle n'est pas du tout comme cela.
- Je compte donc sur vous pour le bal, ma chère. Soyez très élégante. Je veux que chacun vous admire. Lui dit encore la reine.
- Bien, Majesté. dit la cousine d'Oscar en se dirigeant vers la porte à reculons.
- Et Alyssandre...
- Votre Majesté ?
- Je vous en prie, pas de noir. Je déteste cette couleur et ne veux plus jamais vous voir en porter.
- S'il plaît à Votre Majesté... dit encore la jeune femme avant de sortir en compagnie de sa cousine.
- Tu as fait sa conquête. lui dit cette dernière tandis qu'elles rebroussaient chemin.
- Elle a fait la mienne. Elle est adorable.
- J'étais sûre que vous vous entendriez à merveille. fit Oscar en souriant.
- Mais j'étais loin de m'attendre à ce qu'elle veuille de moi pour amie.
En sortant pour reprendre la voiture, les deux jeunes femmes tombèrent sur un homme aux longs cheveux châtain clair, en uniforme bleu pâle, qui passait à cheval dans la cour.
- Ah, Oscar, vous êtes là. fit-il en arrêtant sa monture et en en descendant.
Puis ses yeux se posèrent sur le beau visage d'Alyssandre.
- Bonjour, mademoiselle. lui dit-il en s'inclinant devant elle avant de poser sur Oscar un regard interrogateur.
- Alyssandre, dit Oscar, je te présente le comte de Girodelle dont je te parlais tout à l'heure. Girodelle, voici ma cousine, Alyssandre de Vuilmeau.
Il prit la main de la jeune femme, et y déposa un léger baiser.
- Je suis enchanté.
Pour toute réponse, gênée, elle rougit et fit une révérence.
- Excusez-nous, Girodelle. Nous devons partir. A demain. lui dit Oscar.
- D'accord. fit-il en posant sur cette dernière un regard brûlant... qu'elle ne vit pas car elle montait déjà en voiture.
- Au revoir, monsieur. dit Alyssandre avant de monter à son tour dans la voiture.
Pendant le trajet de retour, la jeune femme s'étonna :
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MessageSujet: Re: Lady Oscar : Alyssandre   Lady Oscar : Alyssandre Icon_minitimeJeu 10 Nov - 17:16

- Chez la reine, je n'ai pas vu le fameux monsieur de Fersen dont tu me parlais tout à l'heure.
- Non, en effet, il n'y était pas. C'est d'ailleurs surprenant. D'ordinaire, il passe son temps auprès d'elle.
Elles arrivèrent bientôt au manoir, et furent reçues par André.
- Oscar, tu as un visiteur... en fait non. Tu as deux visiteurs. lui annonça le jeune homme.
- Qui cela ?
- Fersen et l'un de ses amis du nom de Carsen je crois.
- Fersen ? Fersen est ici ?
- Je viens de te le dire.
- Quelque chose me dit que je vais bientôt faire sa connaissance. fit Alyssandre.
- Je vais te le présenter.
- Tu me laisse le temps de me changer tout de même ? Je fais vite.
- D'accord. Mais pas de noir alors. Autant t'y habituer dès maintenant.
La jeune femme hocha la tête et monta dans sa chambre. Aidée d'une Annie toute surprise de voir sa maîtresse de si bonne humeur et disposée à remettre des toilettes colorées alors que depuis l'accident elle ne portait plus que du noir et était toujours triste, revêtit une robe d'un bleu très clair, et laissa ses longs cheveux libres sur son dos. Puis elle rejoignit le grand salon. Voyant qu'Oscar discutait déjà avec ses invités, elle se figea sur le pas de la porte, soudain intimidée. Mais sa présence ne passa cependant pas inaperçue, car la conversation s'interrompit, et trois paires d'yeux se tournèrent vers elle.
- Ah te voilà. fit Oscar. Entres.
La jeune femme s'exécuta, et rejoignit sa cousine.
- Messieurs, je vous présente ma cousine : Alyssandre de Vuilmeau. Alyssandre, voici le comte Axel de Fersen dont je t'ai déjà parlé. Et voici son ami, le comte Gunter de Carsen.
- Mademoiselle, fit alors Fersen de sa voix profonde, c'est une joie et un honneur de vous rencontrer. Ajouta-t-il avant de lui baiser la main.
Lorsqu'il eût fini de parler, Gunter de Carsen, qui, depuis l'entrée de la jeune femme, n'avait pas dit un mot (se contentant de la dévorer des yeux), prit la parole à son tour avec un léger accent nordique :
- Mademoiselle, j'espère que vous pardonnerez ma franchise, mais vous êtes sans conteste la plus belle femme qu'il m'ait été donné de rencontrer.
Rougissant, la jeune femme ne répondit rien, mais garda les yeux posé sur lui.
Ayant remarqué leur manège, Oscar et Axel échangèrent un regard complice : quelque chose de fort était manifestement passé entre les deux jeunes gens. Mais Gunter était-il le futur mari qu'il fallait à Alyssandre ? Seul l'avenir le dirait.
Ils discutèrent de divers sujets jusqu'à une heure avancée, après quoi les deux suédois prirent congé de leurs hôtesses.
Le lendemain, Oscar partit pour le château tandis qu'Alyssandre, restée seule, décidait de se perfectionner dans le maniement de l'épée. Pour cela, elle demanda l'assistance d'André, qui accepta, à la fois pour lui rendre service et pour se perfectionner lui-même. Au terme du "combat", ayant été revêtir une amazone, elle partit se promener à cheval et ne revint que dans la soirée. Sur le chemin du retour, elle rencontra sa cousine qui rentrait et firent route ensemble.
Le même scénario (ou presque) se répéta tous les jours jusqu'au jour du grand bal. Ce jour-là, le manoir fut en effervescence dès le matin. Alyssandre était déjà nerveuse en se réveillant, et cela empira au fil de la journée, car elle appréhendait de revoir la reine, mais surtout, elle se demandait su Gunter de Carsen serait présent. Elle espérait sincèrement que oui. Elle passa ensuite les heures qui la séparaient du bal à se préparer : elle voulait être à son avantage lorsqu'elle le reverrait... ainsi que la reine bien sûr.
Elle commença par prendre un long bain, et, en en sortant, revêtit un peignoir. Elle alla ensuite s'asseoir devant sa coiffeuse, et Annie passa de longues minutes à les brosser afin qu'ils soient bien doux et bien brillants. Puis elle entreprit de les coiffer en un complexe assemblage d'anglaises, de peignes et de perles. Après cela, Annie la parfuma, et lui demanda ce qu'elle souhaitait porter comme toilette. Le choix d'Alyssandre se porta sur une splendide robe de soie mauve (couleur de demi deuil) ornée de dentelles.
Lorsqu'elle fut habillée, elle songea que, depuis le jour de son arrivée au manoir des Jarjaye, elle n'avait que très peu eu le temps de repenser à la mort de ses parents, et cela l'attrista profondément. Mais elle n'eût guère de temps pour pleurer, car Oscar frappa à sa porte et entra, aussi élégante que d'habitude dans son uniforme blanc d'apparat.
- Alyssandre, tu es magnifique. dit la jeune femme blonde, sincère. Si j'étais un homme, je te demanderai immédiatement de m'épouser.
Cette phrase inattendue fit pouffer sa cousine.
- Pfffff ! Idiote !
- Partons à présent.
Elles sortirent de la pièce et descendirent les escaliers. Oscar fut impressionnée par la grâce que mettait sa cousine dans le moindre de ses gestes, même pour quelque chose d'aussi anodin que descendre un escalier : elle tenait le devant de sa robe entre le pouce, l'index et le majeur de chaque main, et ne posait sur les marches que la pointe de ses pieds menus. On aurait dit qu'elle volait.
Lorsqu'elles sortirent, André avait déjà fait amener la voiture. Elles montèrent à l'intérieur, et, grâce à la vélocité des chevaux qui la tiraient, arrivèrent au château quelques minutes plus tard. Elles descendirent sur les pavés de la cour d'honneur, et Alyssandre serra furtivement la main de sa cousine.
- Tu es nerveuse ? lui demanda cette dernière.
- Disons plutôt terrifiée. Répondit la jeune femme.
- Respires bien, aie confiance en toi, et cela ira.
Elle hocha la tête, et elles se mirent en marche. Les deux jeunes femmes se présentèrent à l'entrée de la galerie des glaces où se déroulait le bal, et le héraut, qui avait consulté la liste des invités, annonça :
- Le colonel Oscar-François de Jarjaye, et mademoiselle Alyssandre de Vuilmeau.
Instantanément, tous les regards convergèrent vers elles. La main droite légèrement posée sur le poing ganté de sa cousine, Alyssandre s'avança vers le roi et la reine. A leur passage, la jeune femme eût le temps de saisir au vol quelques remarques lancées à leur passage par les courtisanes : "quel beau couple !", "ma chère, je suis folle de jaloisie !", "cette fille est superbe ! et comme elle va bien avec lui !", "vous avez remarqué l'élégance du colonel Oscar ?", "que ne donnerai-je pas pour être à la place de cette Alyssandre !", "croyez-vous qu'il ne va danser qu'avec elle ? ", "ma chère, vous devriez savoir que le colonel de Jarjaye ne danse jamais"...
En entendant toutes ces allusions à la prétendue masculinité de sa cousine, Alyssandre dût se mordre la lèvre pour ne pas rire.
Arrivant finalement devant les leurs souverains, Oscar s'inclina, tandis que sa cousine plongeait dans une profonde révérence.
Alors, la reine s'adressa au roi :
- Mon ami, voici la jeune femme dont je vous parlais.
- Ah oui... fit le souverain du ton de quelqu'un qui s'ennuie mortellement. (puis à Alyssandre) Mademoiselle, Nous vous souhaitons la bienvenue à Notre cours.
La cousine d'Oscar plongea dans une nouvelle révérence.
- Grand merci, Votre Majesté.
Puis ce fut la reine qui lui dit dans un sourire :
- Il me plaît de vous voir porter de la couleur, Alyssandre. Cela vous va à ravir.
- Votre Majesté est trop indulgente.
- Amusez-vous ce soir tous les deux. dit encore la reine. Et, Alyssandre, n'oubliez pas de venir au château demain. Vous êtes l'une de mes dames d'honneur désormais.
- Je n'y manquerai pas, Votre Majesté.
Après une nouvelle révérence, les deux jeunes femmes s'éloignèrent. Scrutant la salle à la recherche de Gunter, Alyssandre finit par l'apercevoir en compagnie d'Axel de Fersen qui regardait la reine de loin. Carsen, qui, lui, ne l'avait pas quittée des yeux depuis son arrivée, se dirigea vers elle, un grand sourire aux lèvres.
Venant à sa rencontre, il s'inclina et dit :
- Je ne pensais pas que ce fût encore possible, mais vous êtes plus belle encore que dans mon souvenir.
- Merci, monsieur. fit Alyssandre, toujours aussi gênée par les compliments qu'il lui adressait.
- Je vous en prie.
Elle sourit, puis se rendit compte qu'Oscar l'avait laissée pour aller discuter avec Fersen et le comte de Girodelle qui les avait rejoints. L'orchestre ayant entamé l'interprétation d'un menuet, Carsen lui demanda :
- M'accorderez-vous cette danse ?
- Avec joie.
Il lui présenta alors son poing ganté de blanc, et elle posa dessus une main légère.
Bravant toutes les convenances (qui disent qu'une femme célibataire ne doit pas occorder plus d'une danse à un même cavalier), Alyssandre dansa avec Gunter, les yeux dans les yeux, toute la soirée, n'accordant qu'une seule danse à une autre cavalier... qui n'était autre qu'Oscar elle-même. Elle était heureuse. Follement heureuse.
A la fin du bal, les yeux brillants de bonheur, elle l'entendit lui demander :
- Mademois... Alyssandre, me permettez-vous de venir vous voir demain ?
- Demain soir, avec grand plaisir monsieur. répondit-elle, d'autant plus sincère qu'il l'avait appelée par son prénom.
Cela dit, il s'inclina, et, voyant qu'Oscar rejoignait sa cousine, s'esquiva en lui disant :
- Je vous laisse avec votre cousin. A demain, si belle Alyssandre. Je vais compter les heures qui me séparent de vous.
Elle aurait bien voulu répondre "moi aussi", mais elle savait que ça ne serait pas correct, aussi s'abstint-elle et se contenta-t-elle de sourire.
- Rentrons. fit Oscar lorsqu'elle l'eût rejointe.
Elles sortirent du château.
- Alors, qu'as-tu pensé de ton premier bal ? demanda Oscar lorsqu'elles eûrent pris place dans la voiture des Jarjaye qui les attendait dans la cour d'honneur.
Mais, encore perdue dans son rêve, sa cousine ne l'entendit pas.
- Alyssandre ?
- Oui Oscar, tu me parlais ?
- Le bal. Qu'en as-tu pensé ?
- Il est merveilleux.
Certaine que le "il" en question n'était pas le bal, elle demanda malicieusement :
- Qui cela ? Le bal... ou le comte de Carsen ?
Se "réveillant", la jeune femme ne sut que répondre et rougit.
- Tu sais, poursuivit Oscar tandis que la voiture les ramenait au manoir, en ne dansant qu'avec lui, tu as choqué ces dames et rendu jaloux les messieurs qui te contemplaient et mourraient manifestement d'envie de danser avec toi. Toi qui connaît si bien l'étiquette, tu devrais savoir que...
- Mais Oscar, je n'avais envie de danser qu'avec lui. la coupa Alyssandre.
- Pourquoi ? demanda Oscar qui souhaitait que sa cousine avoue des sentiments bien visibles.
Mais Alyssandre, n'ayant rencontré que très peu d'hommes et n'étant jamais tombée amoureuse auparavant, ne pouvait pas mettre un nom sur le tourbillon de sentiments qui l'agitait.
- Je ne sais pas. Je ne voulais pas des autres, c'est tout. C'est étrange, je ne suis bien qu'avec lui.
- Tu veux mon avis ? demanda Oscar.
- Bien sûr !
- Tu es amoureuse, cousine.
- Tu crois que c'est cela ? Mais je le connais à peine et depuis si peu de temps.
- Cela n'a rien à voir. Mais il y a un moyen pour en être sûre : que ressens-tu lorsqu'il n'est pas à tes côtés ?
- Un grand vide. répondit Alyssandre. Je pense à lui sans cesse et mon cœur bat très vite.
- Et quand il est avec toi ?
- Mon coeur bat plus vite encore, je suis très heureuse et plus rien d'autre ne compte.
Oscar hocha la tête en souriant.
- Et bien cette fois c'est certain : tu es amoureuse de Gunter de Carsen. dit-elle.
- Mais dis-moi, comment peux-tu savoir tout cela si tu n'es pas amoureuse toi-même ? lui demanda alors Alyssandre d'un ton malicieux.
A ces mots, Oscar se troubla et rosit légèrement en baissant la tête pour la cacher, mais cela n'échappa pas au regard perçant de sa cousine.
- Oscar ? On dirait que toi aussi tu es amoureuse. Qui est-ce ?
- Je ne peux pas aimer. dit Oscar d'une voix sourde, comme une litanie. Toute mon éducation et ma fonction me l'interdisent.
- Ne sois pas ridicule, chère Oscar. fit alors Alyssandre. Malgré ton uniforme et ta fonction, tu restes une femme. Tu es humaine. Et il est dans la nature de l'Homme d'aimer. Ne te fais pas plus dure que tu n'es. Pas avec moi. Je te connais trop bien. réserves cela pour les autres. Qui est-ce ? Le comte de Girodelle ?
- Non ! se récria Oscar avant de baisser la voix. Pourquoi me parles-tu de lui ?
- Parce qu'il te couve du regard chaque fois qu'il est en ta présence.
- Girodelle n'est qu'un ami.
- Alors qui ? Ce doit être une de tes plus proches relations. Quelqu'un qui te connaît bien...
Elle réfléchit un instant, et eût une idée :
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MessageSujet: Re: Lady Oscar : Alyssandre   Lady Oscar : Alyssandre Icon_minitimeJeu 10 Nov - 17:17

- D'après ce que tu m'as dit, j'en conclus qu'il n'y a que trois possibilités : André, le comte de Girodelle –et ce ne peut être lui puisqu'il n'est qu'un ami m'as-tu dit- et le comte Axel de Fersen. Serais-ce André ?
- Non !
- Fersen alors ?
A ce nom, Oscar rougit à nouveau.
- C'est lui, n'est ce pas ?
La voiture qui s'arrêtait dispensa Oscar de répondre. Elle ouvrit la portière et en sortit avant de se diriger vers le manoir d'un pas décidé. Mais cela n'empêcha pas Alyssandre, descendue à sa suite, de conclure à voix basse :
- Oui, j'aurais dû m'en douter. Pauvre de toi. Amoureuse d'un homme qui en aime uneautre. Comme tu dois souffrir.
Puis, tandis que sa cousine gravissait les marches du perron, elle poursuivit de même :
- Et ta rivale, pauvre Oscar, n'est autre que la reine en personne. Que peux-tu contre une telle adversaire ? Il aurait mieux valu pour ton bonheur que tu tombe amoureuse du comte de Girodelle ou même d'André. Hélas, les élans du cœur ne se commandent pas, et te voilà condamnée à souffrir.
Soupirant, elle rejoignit sa cousine dans le hall, puis elles se souhaitèrent bonne nuit et se retirèrent chacune dans leurs appartements.
Le lendemain matin, Alyssandre se vêtit avec recherche, et partit pour Versailles en même temps qu'Oscar, car c'était son premier jour auprès de la reine en qualité de dame d'honneur. mais elle était nerveuse car elle ignorait totalement ce que ces dernières étaient sensées faire.
Pendant qu'elles se dirigeaient vers Versailles, au château, la reine disait à madame de Noailles :
- Alyssandre de Vuilmeau, la jeune femme que vous avez vue au bal hier avec le colonel Oscar, va se présenter chez moi ce matin. Lorsqu'elle sera là, faites-la tout de suite rentrer dans mes appartements.
- A vos ordres, Majesté. Me trompé-je si je dis que Votre Majesté semble beaucoup l'apprécier ?
- Non, répondit la souveraine dans un sourire, vous avez raison. Elle est tout à fait délicieuse.
- Et très belle aussi. ajouta madame de Noailles. Hier soir, il aurait fallu être totalement aveugle pour ne pas la remarquer. Elle était superbe. Et le couple qu'elle formait avec le colonel Oscar était tout bonnement splendide.
Au mot "couple", Marie-Antoinette éclata d'un joli rire frais.
- Votre Majesté ? fit la dame d'honneur, interloquée par la réaction de sa souveraine. Ai-je dit quelque chose d'amusant ?
- Chère madame de Noailles... Le colonel Oscar et mademoiselle de Vuilemeau ne sont pas du tout un couple. Ils sont cousins.
- Cousins ?
- En revanche, poursuivit la reine, il m'a paru évident que ce comte suédois –vous savez, l'ami de monsieur de Fersen ?...
- Le comte de Carsen.
- C'est cela. Que le comte de Carsen n'était pas insensible à ses charmes. Et cela a l'air réciproque.
- Maintenant que Votre Majesté le dit, il est vrai qu'ils n'ont fait que danser ensemble hier soir. J'en ai d'ailleurs été choquée. ajouta-t-elle d'un ton pincé.
- Comment se choquer de la naissance d'un amour, même s'il brave les convenances ? interrogea la souveraine d'une voix soudain lointaine qui fit comprendre à sa dame d'honneur que la reine ne s'adressait pas à elle.
Pendant cette conversation, la voiture des Jarjaye, avec Alyssandre à son bord, et le cheval d'Oscar, étaient arrivés dans la cour.
- Je vais te laisser ici. dit alors Oscar à sa cousine. Je vais rejoindre mes hommes. Toi, gagnes les appartements de la reine qui doit t'attendre. Te souviens-tu où ils se trouvent ?
- Oui, ne t'inquiètes pas. A ce soir, Oscar. dit cette dernière en avançant vers le perron.
- Alyssandre ? l'interpella sa cousine.
- La jeune femme se retourna.
- Tout ira bien.
Pour toute réponse, la nouvelle dame d'honneur de la reine hocha brièvement la tête en souriant bravement, puis monta la volée de marches qui la séparait du hall, et disparut à l'intérieur.
Oscar regarda sa cousine entrer, puis, lorsque celle-ci fut hors de vue, se dirigea vers la cours où le comte de Girodelle et ses hommes se trouvaient déjà.
Arrivée à l'étage, Alyssandre s'aperçut qu'elle était guettée, car une femme d'un certain âge se dirigea tout de suite vers elle.
- Mademoiselle de Vuilmeau, lui dit madame de Noailles, vuillez me suivre je vous prie. Sa Majesté souhaite vous voir immédiatement.
- Je vous suis, madame.
Elle la fit pénétrer dans le boudoir de la souveraine.
- Ah, bonjour Alyssandre. lui dit cette dernière. Soyez la bienvenue.
La jeune femme plongea dans une gracieuse révérence.
- Merci, Majesté.
La reine se leva de son siège, et vint la relever.
- Non. point de cela entre nous. Il n'en est pas besoin. Asseyez-vous, et dites-moi plutôt ce que vous avez pensé du bal d'hier soir.
- Il était merveilleux, Majesté. répondit Alyssandre en prenant le siège voisin de celui de la souveraine. D'autant plus que c'était mon premier bal.
- je le sais mon amie. Et pour un premier bal, on peut dire que vous avez fait sensation en arrivant au bras d'Oscar. Tout le monde vous observait. Mais pas tant que lorsque vous avez commencé à danser avec le comte de Carsen....
- J'espère que ma conduite n'a pas trop choqué Votre Majesté. je sais bien que je n'aurais pas dû danser uniquement avec le comte.
A ces mots, la reine, qui se sentait proche de la cousine d'Oscar car elle aussi aimait un suédois, éclata de rire.
- Dieu du ciel, très chère, laissez cela. Je ne me formalise pas pour si peu.
- Puis-je me permettre de poser une question à Votre Majesté ?
- Je vous en prie.
- Votre Majesté va peut-être me trouver stupide, mais... quel est le rôle exact d'une dame d'honneur ?
La reine passa un long moment à le lui expliquer, puis elle ajouta :
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MessageSujet: Re: Lady Oscar : Alyssandre   Lady Oscar : Alyssandre Icon_minitimeJeu 10 Nov - 17:19

- Mais votre rôle, chère Alyssandre, sera différent. Je vous ai dit que je souhaitais que nous soyons amies. Vous devrez donc discuter avec moi, vous promener en ma compagnie, jouer avec moi... m'empêcher de m'ennuyer enfin.
- Bien, Votre Majesté.
La journée se passa agréablement pour Alyssandre, délivrée du poids de l'incertitude. Le plus gros de son activité de la journée consista à aider la reine à choisir parmi les nombreuses toilettes apportées par madame Bertin, la plus grande couturière de Paris, que sa Majesté avait fait venir.
En sortant des appartements royaux, Alyssandre demanda à un valet en faction dans le couloir où elle pouvait trouver le colonel de Jarjaye, puis se dirigea vers l'endroit indiqué.
En arrivant dans la cour de la garde, elle trouva Oscar en train de finir de passer ses troupes en revue, assistée du comte de Girodelle.
- Rompez. ordonna sa cousine à ses soldats en l'apercevant.
Les soldats se dispersèrent, et Oscar dit à son second en s'éloignant :
- A demain, Girodelle.
- A demain... chère Oscar. répondit-il en murmurant les deux derniers mots afin qu'elle ne pût l'entendre.
Les jeunes femmes se rendirent aux écuries afin de demander qu'on sorte la voiture des Jarjaye et le cheval d'Oscar.
Lorsqu'Alyssandre eût pris place dans la voiture, Oscar remarqua que sa cousine avait l'air anormalement agitée et fort pressée d'arriver.
- Que t'arrive-t-il, cousine ? Aurais-tu une raison spéciale de te dépêcher ?
Au regard que sa cousine posa sur elle, elle devina la réponse :
- Gunter de Carsen aurait-il prévu de te rendre visite ce soir ?
- Comment... ?
- Il n'y a qu'à te regarder pour deviner. De toutes façons, il ne nous faudra que quelques minutes pour arriver... et tu pourras te changer avant qu'il ne se présente.
Et en effet, à peine la voiture arrivée à destination, Alyssandre sauta littéralement hors de la voiture et se rua vers le manoir, à la stupéfaction d'Oscar qui n'avait jamais vu sa cousine, d'ordinaire si calme et si posée, dans cet état d'excitation.
Elle descendit de sa monture, et la conduisit aux écuries où elle la laissa au palefrenier.
Une fois dans sa chambre, Alyssandre fit venir Annie pour l'aider à sa changer et à se coiffer. Elle revêtit une robe de taffetas jaune pâle dont la simplicité lui convenait à merveille, et se laissa coiffer comme l'entendait sa camériste.
Moins d'une heure plus tard, le comte Gunter de Carsen faisait son entrée dans le manoir, introduit par André qui le fit entrer dans les appartements d'Alyssandre, avant de refermer la porte derrière lui. Cela fait, Gunter et Alyssandre restèrent seuls.
La jeune femme était assise sur la méridienne près de la fenêtre. Le jeune comte alla mettre un genou en terre devant elle, et lui prit une main, qu'il baisa avec ferveur, puis lui donna le bouquet de fleurs qu'il tenait derrière son dos.
- Alyssandre, je me languissais tellement de vous ! La journée m'a paru interminable ! lui dit-il d'une voix passionnée avant de s'excuser d'un ton contrit : pardonnez-moi. Ce n'est pas du tout ce que j'avais prévu de vous dire. Je peux recommencer mon entrée ?
En entendant cette demande saugrenue, Alyssandre éclata de rire et lui donna son accord avant de lui tendre le bouquet.
Il se releva et ressortit, puis entra à nouveau. Une nouvelle fois, il s'agenouilla devant elle, lui baisa la main, et lui tendit le bouquet, puis commença à déclamer :
Très chère Alyssandre,
Quand le jour est venu,
Celui de notre rencontre,
Mon cœur trop ému,
S'est emballé si fort,
Que je n'ai pu aller contre.
Je me suis engagé,
Dans un amour impossible,
Où Alyssandre ma bien-aimée,
Etait mon unique cible.

- Oh, Gunter, vous m'aimez donc ? s'exclama la jeune femme, très heureuse, lorsqu'il eût terminé son poème.
- Plus que ma vie. Répondit-il. (puis d'une voix timide) Me donnez-vous la permission de vous embrasser ?
La jeune femme, que personne n'avait encore jamais embrassée, hésita un instant sur la conduite à tenir, mais la curiosité fut la plus forte.
- Oui. répondit-elle.
Il se pencha donc vers elle, et posa ses lèvres sur les siennes. Lorsqu'il s'écarta, elle murmura :
- C'est donc cela un baiser... Je n'aurais jamais cru que ce puisse être si merveilleux.
En l'entendant dire cela, Gunter la considéra avec stupeur, puis demanda :
- Alyssandre, ma bien-aimée, suis-je donc le premier à vous embrasser ?
- Oui Gunter. Vous êtes le premier. répondit-elle simplement.
- Ma chérie, j'en suis très flatté. Je n'aurais jamais pensé avoir cet honneur.
- Pourquoi ? demanda Alyssandre, curieuse.
- Vous êtes si belle que j'imaginais... que je pensais...
- Quoi ? Que j'avais laissé des dizaines d'autres hommes me toucher comme vous venez de le faire ? fit la jeune femme d'une voix chargée de colère tout en se levant.
Pris au dépourvu par cette ire soudaine, Carsen se leva à son tour en balbutiant :
- N... Non. Pas... pas du tout. Ca n'a jamais été mon intention. Je suis... désolée si j'ai pu vous laisser penser que je doutais de votre honneur. Me pardonnez-vous ?
La colère d'Alyssandre retomba aussi vite qu'elle était apparue.
- Bien sûr que oui. fit-elle d'une voix pleine de tendresse.
Le jeune comte revint tous les soirs pendant près d'un mois. Lui et Alyssandre passèrent de longues heures à discuter de sujets divers et variés (politique, spectacles, équitation...), ce qui lui permit de découvrir que sa bien-aimée, en plus d'être très belle, était très cultivée, et il acquit la certitude qu'il ne s'ennuierait jamais avec elle.
Elle profita de ces discussions pour lui dire d'un ton penaud (car elle avait peur qu'il ne la trouve pas convenable) quelle éducation elle avait reçue.
Sa réaction la surprit car il s'exclama :
- Mais c'est fantastique ! Nous pourrons nous entraîner ensemble à l'épée, faire de longues promenades à cheval, avoir de longues conversations sur n'importe quel sujet...
- Vous n'êtes donc pas choqué ? lui demanda-t-elle.
- je devrais l'être ? Il est vrai que vous n'avez pas reçu une éducation conventionnelle, mais cela ne vous rend que plus intéressante.
A la fin de ce mois de visites quotidienne et après avoir longuement parlé avec son ami Axel de Fersen, Gunter revint au manoir, plus élégant que jamais. Après avoir baisé la main d'une Alyssandre admirative, il mit un genou en terre devant elle, porta la main à sa poche, en sortit un écrin qu'il ouvrit sur une splendide bague en diamant, et lui demanda :
- Alyssandre, ma chérie, voulez-vous me faire l'honneur de devenir ma femme ?
La jeune femme, les yeux brillants de bonheur, se jeta dans ses bras, manquant le renverser, et dit :
- Oui, Gunter, oui. J'accepte avec joie de vous épouser.
Cela dit, elle prit sur elle et l'embrassa.
- Ma douce, vous faites de moi le plus heureux des hommes. dit-il quand elle le lâcha.
- Il vous reste une chose à faire maintenant que vous avez obtenu mon accord, mon chéri : avoir celui de mon oncle.
- Vous avez raison. Demain, si vous le voulez bien, je reviendrai et lui ferai ma demande officielle.
Le lendemain, en effet, le jeune suédois revint, et demanda à voir les Jarjaye au grand complet (le général, son épouse et leur "fils"). Lorsqu'il fut introduit près d'eux dans le grand salon, il s'adressa au général (qui savait qui il était et qu'il voyait sa nièce) :
- Général, j'ai l'honneur de vous demander la main de votre nièce.
- Bien sûr, mon garçon. Je vous l'accorde avec plaisir. répondit celui-ci avant d'ajouter en voyant sa nièce au bras du comte : Je ne veux que le bonheur de ma chère nièce, et comme vous avez l'air très amoureux, je pense pouvoir vous la confier sans problème. Prenez soin d'elle.
- N'ayez crainte, monsieur. Nulle femme ne sera plus choyée que votre nièce.
- Félicitations. fit alors Oscar qui n'avait rien dit jusque là. Je suis très... heureux (elle hésita sur le mot car elle n'était pas sûre que sa cousine ait confié son secret à son fiancé) pour vous. Vous vous méritez.
- Je suis d'accord avec Oscar. fit madame de Jarjaye. Soyez heureux mes enfants. C'est tout ce qui compte.
- Où vivrez-vous ? demanda alors le général à Gunter. Retournerez-vous en Suède dès votre mariage célébreé, ou resterez-vous en France ?
- Alyssandre est dame d'honneur de Sa Majesté la reine à présent. Elle ne peut donc pas partir ainsi. dit Oscar justement. De plus, il faut prévenir la reine de votre prochain mariage.
- Tu as raion ma... mon cher Oscar. fit Alyssandre.
Le lendemain en effet, Gunter, Oscar et sa cousine se rendaient chez la reine. Celle-ci, comme à son habitude, les reçut dans son boudoir.
- Et bien, mon cher Oscar, qu'aviez-vous à m'annoncer de si important ? demanda la souveraine.
- Ce n'est pas moi qui ai quelque chose à vous dire, Votre Majesté, mais Alyssandre. répondit la jeune femme blonde lorsque tous trois l'eurent saluée.
Marie-Antoinette posa alors sur la jeune femme brune un regard interrogateur.
- De quoi s'agit-il, mon amie ?
- Votre Majesté, répondit alors Gunter à la place de sa fiancée, j'ai demandé à Alyssandre de m'épouser, et elle m'a fait la grâce d'accepter.
Les yeux soudain brillants de joie, la souveraine se leva et prit les mains de son amie.
- Oh, Alyssandre, je suis tellement contente pour vous. lui dit-elle. (puis à Gunter) Mais cela veut-il dire, mon cher comte, que vous rentrez en Suède et m'enlevez mon amie ?
- Non, Majesté. Il est vrai qu'après notre mariage...
- Auquel je tiens à assister ! fit la reine en l'interrompant.
- Votre majesté nous ferait cet honneur ? demanda la cousine d'Oscar.
- J'en serais ravie. répondit la souveraine. (puis à Gunter) Pardonnez-moi, monsieur de Carsen, vous disiez ?
- Je disais à Votre Majesté qu'après notre mariage, effectivement, nous devrons aller en Suède. Mais ce ne sera que le temps que j'y règle mes affaires. Ensuite, nous reviendrons à Versailles où je pense acquérir une propriété.
- Combien de temps pensez-vous que durera votre absence ?
- Je l'ignore, ma reine. Un mois, peut-être un peu moins ou un peu plus.
Le mariage eût lieu trois semaines plus tard dans la chapelle du château (la reine avait insisté) en présence de la souveraine, des Jarjaye, d'André et d'Axel de Fersen... et il fut splendide : Alyssandre, remontant la nef au bras du général au son de "voilà la mariée", était revêtue d'une magnifique robe de diamanté blanc comme la plus pure neige (présent de la reine). Un long voile diaphane était posé sur ses cheveux et retenu par un fin cercle d'or. Elle rejoignit Gunter, très élégant, en haut de la nef.
Lorsqu'ils sortirent de la chapelle quelques temps plus tard, Alyssandre était comtesse de Carsen.
Il fut décidé que les nouveaux époux partiraient pour la Suède la semaine suivante, donnant ainsi le temps à Gunter de finaliser l'achat de la propriété versaillaise et de la voiture à ses armes qu'il avait commandée ; et à Alyssandre celui de faire ses malles, de récupérer ses effets personnels, et d'annoncer à sa famille qu'à leur retour de Suède, les jeunes mariés n'habiteraient qu'à dix lieues à peine du manoir des Jarjaye.
Avant leur départ pour le port de Calais, Alyssandre prit Oscar à part, et, à voix basse (pendant que Gunter donnait ses instructions au cocher), lui dit :
- Peut-être faudrait-il que je dise à Gunter que tu es une femme avant qu'il ne le découvre seul et ne se vexe que nous ne lui ayons rien dit. Ne crois-tu pas ?
- Tu as raison, chère cousine. dit Oscar en souriant. Et puis ton époux fait partie de la famille à présent. C'est donc une raison supplémentaire de le lui dire.
Ayant obtenu l'accord de sa cousine et voyant que son mari commençait à s'impatienter, elle lembrassa, fit ses adieux au général et à sa femme, puis monta dans la voiture frappé de la couronne comtale de Suède, qui s'ébranla, suivie de la voiture de louage dans laquelle avaient pris place Annie et M. Darjan, le secrétaire d'Alyssandre, desquels cette dernière ne pouvait se passer.
Une fois en route, quand Gunter l'eût embrassée, elle luit dit :
- Gunter, mon chéri, j'ai quelque chose à vous dire à propos d'Oscar.
- Votre cousin ?
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MessageSujet: Re: Lady Oscar : Alyssandre   Lady Oscar : Alyssandre Icon_minitimeJeu 10 Nov - 17:20

Elle s'éclaircit la gorge et rebondit sur sa question.
- Et bien justement pas.
Ne comprenant pas où sa femme voulait en venir, le jeune suédois la regarda d'un air interrogateur.
- Que voulez-vous dire ?
- Précisément le contraire de ce que vous avez dit.
- A savoir ?
- Qu'Oscar n'est pas mon cousin... mais ma cousine.
- Comment ?! Vous voulez dire que le colonel Oscar de Jarjaye est une femme ?! s'exclama alors Gunter.
- Oui. Et pourtant toute la cour –le roi et la reine compris- pense qu'elle est un homme.
- C'est incroyable. Mais pourquoi cacher sa véritable nature ?
- La faute en incombe à son père qui, déçu de ne pas avoir de garçon...
- Cela me fait penser à votre histoire, ma douce.
- ... décida que sa dernière née serait un soldat. Il l'a donc élevée comme si elle était un garçon. Et je pense qu'au fil des ans, il a fini par se convaincre lui-même qu'elle en était un. Bref, lorsqu'elle a eu quatorze ans, il l'a obligée a accepter le poste de capitaine de la garde.
Et voilà le résultat.
- C'est tout de même terrible pour elle.
- Plus que vous ne le croyez, car elle est si conditionnée qu'elle ne s'autorise pas le plus petit débordement émotionnel. Et je pense, de toutes façons, que son père ne le lui permettrait pas. Et pourtant...
- Et pourtant ?
- Et pourtant –ne lui dites pas que je vous l'ai confié- j'ai découvert depuis peu qu'elle était amoureuse de votre ami Fersen.
- Amoureuse d'Axel ? fit Gunter d'une voix désolée. Pauvrette ! Lui qui n'a d'yeux que pour la reine.
- Oui, c'est terrible pour elle.
- Je sais qu'Axel apprécie beaucoup Oscar, car il m'en a parlé un grand nombre de fois en termes élogieux, mais ses sentiments pour elle ne dépassent pas l'amitié. D'ailleurs, sait-il ?
La jeune femme hocha la tête en signe d'assentiment.
- D'après ce que m'a dit Oscar, il l'a su par hasard un jour où elle avait été blessée et qu'il l'avait ramenée au manoir. Grâce à "grand-mère".
- Je vois. Et je la plains sincèrement.
- Je compte sur vous, mon chéri, pour ne pas trahir ce secret que je vous ai confié avec son approbation.
- Bien sûr, ma douce. Cela va e soi.
Un mois plus tard, les affaires de Gunter réglées, le jeune couple retourna en France. Le premier réflexe d'Alyssandre en rentrant, fut d'aller voir les Jarjaye.
Le soir venu, regroupés dans le grand salon, les Jarjaye avaient de nombreuses questions à poser.
- Alors, Alyssandre, mon enfant, fit madame de Jarjaye, la Suède, comment est-ce ?
- C'est un pays magnifique, ma tante. Et les paysages sont splendides. Et j'ai surtout aimé la capitale, Stockholm. Cela dit, il y fait vraiment très froid pour quelqu'un qui n'y est pas habitué.
- J'ai présenté Alyssandre à leurs Majestés le roi et la reine, qui l'ont trouvée adorable. Ils sont positivement enchantés.
Oscar s'éclaircit la gorge, puis demanda :
- Fersen (sa voix trembla très légèrement en prononçant son nom) m'a parfois parlé de ces avancées de mer dans les terres –vous les appelez des fjords je crois. Est-ce aussi beau qu'il le dit ?
- Encore plus que tu ne l'imagine. Surtout au coucher du soleil. répondit encore Alyssandre.
Deux heures plus tard, les jeunes comte et comtesse prenaient congé des Jarjaye pour rentrer chez eux.
Et ils y vécurent longtemps, heureux, avec leurs trois enfants.

FIN !
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